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Aviculture

Comment j'éleve un poulet de chair?

La phase de l’élevage des poulets de chair n’est qu'une partie de tout le processus intégré de production de viande. Celui-ci englobe toute une chaîne à commencer par les élevages de reproducteurs puis les couvoirs ensuite les unités d’élevage des poulets de chair enfin les transformateurs, les détaillants pour arriver sur la table du consommateur toutes ces étapes sont    reliées par le transport.

Pourquoi on mange du poulet ? Parce que c’est bon et c’est le moins chair.

Pourquoi on en produit de plus en plus ? Parce que sa croissance est rapide, son cycle de production de protéines est le plus court, un temps réduit pour atteindre le poids d’abattage, il consomme moins d’aliment pour la même quantité de viande,  il a un indice de consommation de plus en plus faible, on arrive maintenant à mettre  plus de lots par an, on aura donc un  coût de production plus faible.

Voyons comment  dans les mêmes conditions et d’année en année on obtient les poids suivants :

 

STATISTIQUEMENT 

On produit environ 86 milliards de poulet dans le monde par an, une consommation d’environ 12.5 Kg de volaille/personne dans le monde ; 23,4 Kg de volaille / par an pour les européens ; 15 Kg de volaille pour les tunisiens  (soit les 2/3 en poulet).

LES OBJECTIFS DE L’ELEVAGE DU POULET DE CHAIR

  • produire un lot homogène
  • produit qui répond au type de produit
  • un poids conforme aux performances de la souche
  • un indice de consommation le plus faible
  • sans mortalité significative

Exemple de types de poulet à produire

LA STRATEGIE

  • bien choisir les poussins (poussins de bonne qualité)
  • donner une  alimentation convenable (formule, présentation, quantité)
  • maintenir les poulets toujours en bonne santé (prophylaxie et environnement)
  • garantir un meilleur confort (température, humidité, aération, densité…).

 

CONCEPTION GENERALE DE L’ELEVAGE

Etape 1 :

a- Etude du projet :

Pour être convaincu et investir dans la production du poulet de chair il faut avoir une idée précise sur les points suivants :

  • Coût et lieu d’implantation du projet.
  • Coût de production.
  • Besoins du marché et des abattoirs.
  • Conformité avec les cahiers des charges relatives à l’élevage, à l’environnement et à la commercialisation.
  • Choix du type d’élevage : conventionnel, fermé…
  • Evaluation de la rentabilité, de la durée et de l’amortissement du projet.
  • Les risques sanitaires à prendre en considération.
  • Etre formé dans le domaine de l’élevage avicole.

b- Préparation des bâtiments :

Surface des bâtiments : entre 200 et 700 m2. Sas sanitaire: obligatoire. Nature du sol et des murs : en dur. Nature du toit en matière isolante. Système d’aération, chauffage et refroidissement, système d’alimentation et d’abreuvement selon le mode d’élevage ouvert ou contrôlé

Etape  2 : (avant la mise en place des poussins)

  • Application d’un bon programme de nettoyage et de désinfection et un vide sanitaire selon qu’il s’agisse de la première bande du projet ou d’un repeuplement du bâtiment
  • Mise en place de la litière : pour isoler les poussins du contact avec le sol, elle est généralement composée de copeaux de bois elle doit être saine et sèche d’une épaisseur variable suivant les saisons.
  • Mise en place des mangeoires, des abreuvoirs, des radians, des lampes d’éclairage, des thermomètres (voir schéma suivant) :

  • Avant 24 à 48 heures de l’arrivée des poussins, il faut chauffer la salle, remplir les abreuvoirs et les mangeoires, il est important d’obtenir une température de 32°c, une humidité relative de 40 à 65 % et une température du sol de 28 à 30°c. Assurez une ventilation minimum de 1 m3/kg de poids vif/ heure.

Etape 3 : (démarrage : de la mise en place des poussins jusqu’à l’âge de 10 jours)

Bonne répartition des poussins

Réception des poussins :

  • Décharger les poussins rapidement sans les jeter et si possible dans la semi-obscurité puis remettre la lumière au maximum et vérifier le bon fonctionnement des chauffages et régler les niveaux des abreuvoirs et des mangeoires, puis suivre la répartition des poussins, pour déceler d’éventuelles anomalies de température ou de lumière ou de courant d’air, … exemple : si les poussins se rassemblent sous les radians c’est que la température ambiante est basse, si  les poussins  fuient les chauffages il faut corriger cette situation, si les poussins occupent un seul côté c’est qu’il y a probablement un courant d’air ou un stress quelconque. Enfin éliminer les poussins anormaux (exemple boiteux) ou morts, vérifier leur vivacité et leur accès aux mangeoires et abreuvoirs.
  • Après trois heures il faut faire le test du remplissage du jabot  sur 100 poussins le résultat ne doit pas être inférieur à 80 % des poussins avec un jabot plein sinon on assistera à des mortalités et des problèmes de mauvaise croissance et des problèmes sanitaires ce genre de cas peut être dû à la fatigue des poussins (long trajet parcouru, mauvais embarquement) ou à une mauvaise présentation des aliments et de l’eau.

Jabot vide

Jabot plein

Par la même occasion vérifier la température des pattes car les pattes froides auront les mêmes répercussions que le retard de la prise de nourriture et de l’eau, dans ces cas il vaut mieux revoir les conditions de transport et de déchargement, les mangeoires (accès, disposition et nombre)  la  litière (froide et peu épaisse).

  • L’alimentation : donner les aliments à volonté, et de préférence sous forme de miette
  • La température : Les poussins ont des difficultés à maintenir leur température corporelle ils ont besoin de beaucoup de chaleur comme l’indique le tableau suivant

 

  • Lumière : De 0 à 7 jours d’âge, les poussins doivent avoir 23 heures de lumière et une heure d’obscurité.  Après 7 jours, une période d’obscurité de 4 à 6 heures peut être bénéfique.
  • Densité : j1 40 par m2 – j7 30/m2 -  j12 toute la surface du bâtiment

Un bon démarrage assure le premier pas vers la réussite du lot.

Etape 4 : (engraissement et finition)

Durant cette période le contrôle de l’alimentation est la clé de réussite, il faut donc suivre les exigences de la souche soit en quantité soit en qualité, suivre aussi la consommation journalière et éviter les erreurs de transition alimentaire entre les périodes de démarrage, d’engraissement et de finition.

Tableau indicatif pour le suivi de la croissance d’une souche donnée
 

 

Mais durant cette étape il faut aussi surveiller

  1. L’état de la litière
  2. Le système d’abreuvement : canalisation et bio-film en application d’acides organiques ou de peroxydes.
  3. Les mangeoires : vidange et nettoyage périodiques (tous les deux jours).
  4. La température : maintenir une température ambiante de 22°c.

La densité : c'est-à-dire combien on met de poulet au m2, ce nombre varie selon le poids à l’abattage et le système de contrôle il varie de 10 poulets au m2 (environ 25 Kg) pour les élevages conventionnels (ventilation naturelle et poids à l’abattage supérieur à 2 Kg) jusqu’à 33 Kg de poulet au m2 pour les élevages à ambiance contrôlée  et d’âge à l’abattage précoce inférieur à 35 jours.

Ventilation naturelle

Ambiance contrôlée

 LA CONDUITE DE L’ELEVAGE

L’éleveur doit utiliser tous ses sens pour contrôler ses oiseaux

 

La conduite alimentaire

  • Donner un aliment de composition et de formule et de qualité répondants aux besoins des animaux suivant  les différentes phases de développement.
  • Surveiller la distribution de l’aliment et le temps de vidange des mangeoires.
  • Surveiller les transitions alimentaires entre le démarrage, l’engraissement et la finition.

La conduite hygiénique 

  • Surveiller toujours l’hygiène de l’environnement, l’hygiène du personnel, l’hygiène de l’aliment, l’hygiène du matériel et surtout l’état de la litière.

La conduite sanitaire 

  • Suivre le programme de vaccination contre les maladies contagieuses notamment la maladie de new castle, la maladie de gumboro, la bronchite infectieuse et toute autre maladie indiquée par le vétérinaire responsable de l’élevage.
  • Il faut aussi savoir conserver et transporter les vaccins et surtout maitriser l’utilisation et les techniques de vaccination.
  • L’utilisation des médicaments ou des probiotiques ou des vitamines ou autre produit doit être sous le contrôle du vétérinaire responsable de l’élevage.

La biosécurité : elle complète et précède la prophylaxie sanitaire par la mise en place de barrières sanitaires qui empêchent l’accès aux microbes dans les bâtiments d’élevage (ce sujet sera abordé  ultérieurement).

Le contrôle du poids :  (ou contrôle de croissance)

C’est s’assurer une moyenne de poids du lot située dans la fourchette de la courbe de croissance fournie par le fournisseur de la souche. Ce contrôle s’effectue par des séries de pesées à 5 jours d’intervalle, le résultat de ces pesées sera reporté sur la courbe de croissance ceci permet de déceler d’une manière précoce tout retard de croissance ou toute différence notable du poids (écart type élevé) et corriger les défaillances qui ont conduit à ces résultats.

LE  DEPART DES POULETS

  • Revenir au système de 23 heures d’éclairage les 3 derniers jours avant le départ.
  • Retrait de l’aliment 8 – 12 heures avant l’heure prévue de l’abattage, l’eau doit rester accessible.
  • Surpression de tout médicament sur ordre du vétérinaire responsable de l’élevage
  • Ramassage au calme, ni entassement ni frayeur, synchronisé avec l’heure d’abattage.
  • Manipulation professionnelle.

  • Ajuster le nombre d’oiseaux dans les cagettes en fonction du poids et la température ambiante
  • Transporter dans un véhicule conforme : fermé et aéré.

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L’ENREGISTREMENT ET L’ANALYSE DES RESULTATS

  • Toutes les données relatives à chaque lot doivent être enregistrées quotidiennement durant la période d’élevage à savoir les quantités d’aliments ingérés, les quantités d’eau consommée, les mortalités, tous les événements de vaccination, de traitement, de transition alimentaire, de contrôle de poids, de changement de litière… après le départ de chaque lot ces données seront analysées pour dégager les points forts et les défaillances ainsi que les causes de ces défaillances et envisager les corrections nécessaires à l’avenir.
  • Il faut donc mettre à l’examen le rendement zootechnique : poids moyen, indice de consommation, quantité totale d’aliment ingérée, mortalité, déclassement à l’abattoir.
  • Revoir les charges fixes et variables : aliments, eau, main d’œuvre, énergie, frais vétérinaires, entretien….
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Hatem HADJ KACEM

Médecin Vétérinaire, Ex Inspecteur régional au Ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche